Compte-rendu de la conférence en présence de Monsieur Pascal PERRINEAU - jeudi 05 avril 2018

Publié le

Conférence avec Monsieur Pascal PERRINEAU

 

  1. Verbatim de l’intervention du Président Rémy Pointereau.

 

Après avoir salué Michel AUTISSIER, Président du Conseil Départemental du Cher et Philippe MOISSON, Président de l’association des Maires et excusé François PILLET, Sénateur, retenu à Paris et David DALLOIS, Président des LR du Cher, qui n’a pas pu avoir de train pour rentrer de Paris, il a remercié les personnes présentes (Près de 300 personnes) :

 

« Merci Chers Amis, d’être venus si nombreux pour cette conférence exceptionnelle où nous avons le plaisir de recevoir Monsieur Pascal PERRINEAU comme invité d’honneur et que tout le monde connaît, mais que je vais vous présenter.

 

Monsieur PERRINEAU, vous avez un CV impressionnant, avec un très grand nombre de publications à votre actif.

  • Docteur d’État en science politique
  • Professeur des universités et à Sciences-Po Paris (Grenoble, Tours)
  • Ancien directeur du CEVIPOF (centre de recherches)
  • Invité régulier de l’émission « C dans l’air »

 

Vos domaines de recherche sont : la sociologie électorale, la vie politique Française, les partis politiques Français et la recomposition des clivages politiques en France et en Europe.

Merci Monsieur Pascal PERRINEAU d’avoir accepté notre invitation » (Applaudissement dans la salle)

 

M. Pointereau est ensuite entré dans le vif du sujet et du thème de la conférence en identifiant les prochaines élections (locales et européennes) et en rappelant les circonstances exceptionnelles des élections de l’année 2017 (principalement l’élection présidentielle)

 

« 2018 est une année sans élection exceptionnellement !

Ce doit être une année de réflexion, pour prendre du recul, une année pour s’organiser et organiser l’avenir : pour nous au moins localement !

 

En 2019 nous aurons les élections européennes. Puis en 2020-2021 des élections municipales, puis départementales et régionales.

 

Nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s’était passé en 2017 !

 

Je vais vous faire une petite rétrospective rapide pour vous donner l’état de la situation.

 

2017 aura été une année électorale intense et pleine de rebondissements, entre les présidentielles et les législatives. La Démocratie s’est exprimée !

Il y a des satisfaits et des déçus.

 

Personnellement, vous le savez j’ai mes convictions, je ne suis ni sectaire, ni dogmatique, d’ailleurs lorsque les députés du département du groupe LREM m’ont proposé de participer à une conférence sur les centres-villes à Vierzon, j’ai accepté naturellement. Elle aura lieu demain soir.

 

Je l’ai accepté, car Je suis un pragmatique et je souhaite en priorité la réussite de mon Pays.

 

Pour autant, je ne changerai pas de camp. Par fidélité aux valeurs du Gaullisme que je défends depuis toujours. C’est pourquoi, je voterai tous les textes qui vont dans le bon sens et voterai contre tous ceux qui ne vont pas dans l’intérêt de nos territoires et de non nos concitoyens. Par exemple, je voterai la réforme de la SNCF.

 

2017 aura été une année révélatrice d’une époque ou règne de plus en plus l’hypocrisie, l’ingratitude, la trahison et une certaine arrogance, de la part de ceux à qui on a parfois tout donné en politique !

 

La Politique, c’est vrai, est un monde de plus en plus violent. Cela peut être violent localement mais plus vous montez plus c’est violent.  

 

Alors qu’on nous parle de bienveillance, nous sommes dans une société qui se déshumanise où certains n’ont plus de colonne vertébrale, de ligne directrice, de valeurs, de respect des autres.

 

Toutes ces attitudes font qu’aujourd’hui beaucoup de nos concitoyens ne savent plus où « ils habitent ». Ils sont un peu perdus et se raccrochent à ce qu’ils peuvent. Ajouter à cela la « Politique Bashing » et l’antiparlementarisme.

 

C’est vrai qu’après le quinquennat désastreux de François HOLLANDE, on ne pouvait guère tomber plus bas.

 

Et effectivement l’arrivée d’un nouveau jeune président, ne peut paraître que comme une amélioration, à partir du moment où tous les grands responsables des partis ont été rejetés dans le cadre de leurs primaires respectives à gauche comme à droite, et ensuite du 1er tour de la présidentielle.

 

En rappelant que l’élection présidentielle a été dépossédée de son agenda politique au profit d’un agenda judiciaire qui a envahi totalement la campagne avec un acharnement médiatique, qui a relégué au second plan les enjeux économiques et sociaux et les vrais problèmes des Français.

 

Sans oublier que finalement le 1er tour de l’élection a démontré que la France restait fracturée en 4 blocs ou 4 familles politiques qui font entre 18 et 24%.

 

M. PERRINEAU, vous dîtes cependant que pour beaucoup de nos concitoyens le clivage droite/gauche ne permet plus de comprendre les grands enjeux de la politique actuelle et d’y faire face.

 

Or, j’ai du mal à admettre qu’il n’y aurait plus ni droite, ni gauche dans notre Pays. Car malgré tout, cela a du sens et correspond à des convictions, des valeurs (libérales, gaullistes, sociales) et comme le disait un homme politique du centre « Quand on pense tous la même chose, c’est qu’on ne pense plus rien ! » voilà un bon argument.

 

Je reste persuadé qu’on continuera à ne pas tous penser la même chose.

 

M. PERRINEAU, j’en viens au thème de cette conférence. Je voudrais dévoiler quelques-unes de mes attentes même s’il y en a bien pleins d’autres questions.

 

Après le vote de « rupture » de 2017, je souhaiterai savoir :

 

  • Quelles peuvent être les perspectives pour les prochaines échéances locales de mars 2020 pour les élections municipales, dans 2 ans, et pour les élections départementales en mars 2021 ?
  • À quoi pouvons-nous nous attendre pour les prochaines élections dans un département rural comme le nôtre, où aux dernières élections de 2015 (départementales) le Front National a fait un vote record ?
  • Quelles sont les limites de l’OPA politique de la République en Marche (LREM) sur le paysage politique Français ?
  • Le phénomène Macron peut-il être durable ?
  • Sur quels critères seront jugés les élus locaux départementaux et municipaux lors de ces prochains scrutins (la fiscalité, la bonne gestion, le bilan, le projet, les étiquettes politiques) ?
  • Le « dégagisme » peut-il continuer à prospérer à ces élections ?

M. PERRINEAU, merci de votre éclairage, même si je sais que vous n’êtes pas « Madame Soleil », votre vision à 2 ans, même si l’on sait qu’il peut y avoir des inversements de tendance ».

 

  1. Verbatim de l’intervention de M. Pascal PERRINEAU.

Monsieur PERRINEAU a commencé par remercier le Président l’association « Cher Avenir », M. POINTEREAU pour l’invitation et pour cette initiative. Il a souligné qu’il était ravi d’être à Bourges, dans la région Centre-Val de Loire, une région qu’il dit connaitre très bien, puisqu’il y a passé une grande partie de sa jeunesse en Touraine.

Les remerciements ont ensuite laissé place à l’analyse du thème de la conférence.

« La période actuelle est troublante pour le politique et exalte pour les analystes. C’est un grand chamboulement, un peu comme en 1958 où il y avait eu aussi du dégagisme mais moins prononcé et moins violent qu’en 2017.

Ce second tour de la présidentielle de 2017 avec 2 outsiders n’est pas un hasard, les analystes le voyait déjà »

Le Professeur a ensuite présenté sa méthode de travail qui lui a permis de faire son analyse : 

 

  • Suivi d’un échantillon de 20 000 électeurs pendant 18 mois, en les interrogeant 5 fois sur leurs intentions de vote.

 

« Il s’agissait aussi de la première élection dans l’état d’urgence, les Français sont inquiets. Cette élection a été aussi paradoxale : le sentiment de défiance des Français n’a jamais été aussi fort mais ils ont toujours un intérêt pour la politique. Toutefois cela a donné un record d’abstention toutes catégories aux élections législatives.

Des figures historiques de la politique ont été battues lors des primaires de leur parti respectif : Nicolas SARKOZY, Alain JUPPÉ et Manuel VALLS. Même François HOLLANDE s’est « auto-dégagé », ce qui n’était jamais arrivé pour un président !

Au 2ème semestre 2016, on sent le bouleversement venir. L’affaire FILLON a accéléré le changement mais il était déjà enclenché. C’était l’élection de toutes les nouveautés »

Personne n’avait osé prendre les initiales du chef pour le nom du parti (Emmanuel MACRON = En Marche). C’est un phénomène complexe. Au 2nd tour, Emmanuel MACRON était en tête dans tous les départements sauf 2 : le Pas de Calais et l’Aisne.

C’est un constat qui montre que les gens ont peur des partis de contestation : il y a un « plafond de verre » à ne pas franchir.

Pour ce qui est du clivage gauche/droite, il n’est pas mort mais est en mauvais état. Les gens ne voient plus à quoi ça sert.

Les analyses ont également indiqué que les électeurs sont de plus en plus tentés par le protectionnisme en Europe et dans le Monde ».  

 

Après cette première analyse, M. PERRINEAU a traité des élections intermédiaires (européennes, municipales, départementales et régionales). Il a commencé par les élections européennes.

« Dans la 1ère analyse qui a été réalisée, les intentions de vote pour les élections européennes de 2019 donne le parti LREM en tête avec 26% des intentions de vote. Mais attention les électeurs sont volatiles ! Et on estime entre 25 et 30% les « votes d’isoloirs » (les électeurs se décident au dernier moment).

Les Républicains pourraient se situer seraient à 12% et le PS à 8%, mais c’est une analyse, rien n’est figé. Mais ce qui est sûr, c’est que l’on ne gagne pas une élection sans le peuple. Il faut en effet un mouvement d’en bas pour gagner les élections locales. La tâche sera difficile pour LREM, car ce parti n’a pas de « corps local ». Elle l’est d’autant plus en milieu rural.

Ainsi, l ’effet « lune de miel » est de plus en plus court.

Le sursaut de l’opposition est encore possible, mais aujourd’hui cette dernière n’est pas en ordre de bataille et a du mal à s’unir, chacun reste de son côté. Au moment où je vous parle il n’y a pas de possibilité de construire quelque chose ».

Après cette analyse, le politologue a tenu à préciser différents points concernant l’échelon local, particulièrement la commune et son représentant, le maire, qu’il a jugé essentiel de rappeler :

« Les Maires sont les seuls élus qui ont une confiance majoritaire des gens. Il faut donc s’abstenir de saccager, par des mesures aléatoires, le socle démocratique qu’est la commune ».

Enfin, M. PERRINEAU a abordé la question de la répartition des voix en faveur du Président Emmanuel Macron :

« De manière générale, l’électorat de droite (UDI et LR) est le plus favorable pour Emmanuel MACRON. Une tendance qui se maintien sur certain projet de loi du gouvernement (ex : réforme de la SNCF), mais cette tendant qui s’est fortement amoindri avec d’autres mesures, à l’image de la hausse de la CSG ou encore de la suppression de la taxe d’habitation et la limitation à 80km/h sur les routes départementales ».

L’intervention de Mr PERRINEAU a été suivie d’un échange avec la salle.

Reprenant la parole, M. POINTEREAU a remercié M. PERRINEAU pour son intervention et remercié les nombreux participants de leur soutien qui a permis d’organiser cette conférence.

 
  

 

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